Thèse cameline

Produire et formaliser de connaissances sur des cultures de diversification peu connues pour concevoir et évaluer des systèmes de culture

Margot Leclère

Encadrement : Chantal Loyce (Directrice de thèse), Marie-Hélène Jeuffroy (Co-encadrante)

Début de thèse : Septembre 2016

Dans un contexte où le développement durable est au cœur des préoccupations sociétales, la dépendance de l’économie vis-à-vis des ressources fossiles est de plus en plus contestée. La biomasse, d’origine agricole ou forestière, a été identifiée comme une alternative possible au pétrole car elle est source d’énergie et de carbone. Par conséquent, ces dix dernières années, la demande en biomasse pour l’alimentation humaine ou animale et pour l’industrie n’a cessé d’augmenter. Pour répondre à cette demande, des nouveaux systèmes de culture diversifiés incluant des cultures alimentaires et non alimentaires sont nécessaires. Cependant, l’introduction de nouvelles cultures de diversification dans les territoires agricoles est un réel problème. En effet, les connaissances empiriques et scientifiques sur ces cultures sont limitées et ne permettent pas aux agriculteurs de concevoir des systèmes de culture qui répondent à leurs attentes et à celle de l’ensemble de la filière. L’objectif de ce travail de thèse est de développer et d’appliquer une démarche permettant de raisonner et évaluer l’introduction d’une nouvelle culture dans les systèmes de culture d’un territoire agricole. Plus précisément ce travail a pour ambition de répondre aux deux questions suivantes : (i) comment identifier, produire et formaliser, de manière économe, des connaissances sur des cultures peu connues et (ii) comment mobiliser ces connaissances pour concevoir et évaluer des systèmes de cultures adaptés à un territoire agricole. L’ensemble de ce travail s’appuie sur le cas d’étude de l’introduction de la cameline dans les systèmes de culture de l’Oise pour l’approvisionnement d’une bioraffinerie locale. Une des originalités de cette thèse est de mettre en place une démarche qui articule différents dispositifs. Tout d’abord, un réseau d’essais « système » multi-local et pluriannuel évaluant 4 itinéraires techniques de la cameline permettant de limiter les adventices a été mis en place. En parallèle, un atelier de réflexion multi-acteurs a été organisé dans le but d’identifier (i) les manques de connaissances actuels pour raisonner l’introduction de la cameline, et (ii) les critères d’évaluation des acteurs de la filière. Cette étape centrale a permis de mettre en place un réseau d’agriculteurs-expérimentateurs, chez lesquels des modalités d’introduction de la cameline, conçues notamment lors de l’atelier, ont été testées par les agriculteurs puis évaluées via des enquêtes et un suivi expérimental. La caractérisation de performances agronomiques (rendement, compétitions vis à vis des adventices), qualitatives (teneur en huile et en protéines, teneur en oméga 3) et environnementales (IFT, pertes d’N nitriques) de différentes modalités d’insertion et de conduite de la cameline , l’identification de critères d’évaluation représentatifs de l’ensemble de la filière, la formalisation de règle de décision sur la conduite de la cameline et la production de connaissances par l’apprentissage des agriculteurs sont des connaissances empiriques ou scientifiques qui ont été produites au cours de ce travail et qui sont mobilisables pour la conception. L’ensemble de ces connaissances sera utilisé lors de la réalisation d’un atelier de conception avec une diversité d’acteurs afin de répondre à la question suivante : « quels systèmes de culture incluant de la cameline pour approvisionner une bioraffinerie dans l’Oise ? ». En conclusion, ce travail vise à faire évoluer les méthodes et les outils utilisés dans la conception et l’évaluation de systèmes de culture pour s’adapter au contexte agricole actuel qui tend à la diversification des systèmes de production. 

Date de modification : 05 juillet 2023 | Date de création : 05 février 2019 | Rédaction : UMR Agronomie